Dans un monde professionnel en constante évolution, l’utilisation d’outils d’intelligence artificielle comme ChatGPT soulève de nombreuses questions éthiques et organisationnelles. Faut-il informer son manager lorsque l’on utilise ces technologies pour effectuer son travail ? Une récente étude menée par des chercheurs d’HEC a exploré cette problématique, mettant en lumière des enjeux intéressants pour à la fois les employés et les employeurs.

L’étude a impliqué un cabinet d’audit, où des analystes juniors ont été chargés de rédiger plusieurs notes à l’aide et sans l’aide de ChatGPT. Ces documents ont été anonymisés et évalués par 130 managers, qui ne savaient pas qu’ils participaient à une expérience. Le but était de déterminer leur capacité à différencier les productions humaines des contributions générées par l’IA.

Les résultats sont frappants : 77% des managers ont cru erronément que toutes les notes provenaient de ChatGPT, alors qu’en réalité la moitié d’entre elles avait été rédigée sans aucune assistance. De plus, parmi les notes écrites uniquement par des humains, 44% des évaluateurs continuaient de penser qu’elles avaient été réalisées grâce à l’IA.

“Ces résultats démontrent une méfiance des dirigeants envers les productions humaines et leur incapacité à évaluer correctement la qualité du travail effectué sans IA,” souligne David Restrepo Amariles, l’un des chercheurs à l’origine de cette étude.

Une autre dimension intéressante de cette recherche est que lorsque les managers ignorent l’utilisation de l’IA, ils transforment leur perception de la qualité du travail. Une fois informés de l’utilisation de l’intelligence artificielle, ils concluent que le consultant a investi moins de temps pour produire le même résultat, passant par exemple d’une estimation de trois heures à seulement une heure.

Face à cette situation, les chercheurs s’interrogent sur l’intérêt d’un salarié de révéler l’utilisation d’outils d’IA. Les conclusions sont claires : il n’existe pas d’avantage à informer un manager si ce dernier ne voit pas la différence entre un travail produit par un humain ou par une machine.

Cette dissimulation pourrait cependant avoir des conséquences néfastes pour l’entreprise. Premiers concernés, les employeurs courent le risque de fuites de données ou de bogues générés par des IA, sans oublier que les gains de productivité réalisés par un salarié ne profitent ni à ses collègues ni à l’ensemble de l’organisation.

Propositions pour une Éthique Professionnelle

Face à ce dilemme, les chercheurs recommandent aux entreprises d’encourager la transparence concernant l’usage des intelligences artificielles tout en y associant des mesures incitatives pour les salariés. Par exemple, le temps économisé grâce à l’IA pourrait être traduit par des formations, une augmentation salariale, ou même une transition vers une semaine de travail de quatre jours, sans imposer une charge de travail supplémentaire.

En définitive, la question de l’utilisation des technologies d’IA en entreprise requiert une réflexion approfondie afin de trouver un équilibre entre innovation et intégrité professionnelle.